LA LINGUO INTERNACIONA IDO
Ido-France

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La Vérité sur la Délégation de 1907


La Délégation pour l'Adoption d'une Langue Auxiliaire Internationale, qui s'est tenue à Paris en 1907, a depuis toujours été la cause de beaucoup de contreverses dans les cercles de Langue Internationale. Des adeptes d'autres projets, particulièrement des Espérantistes, ont toujours choisi d'exagérer les problèmes concernant la conduite des membres de la Délégation et la manière par laquelle ils rejetèrent éventuellement l'Espéranto non réformé et recommandèrent la tenue d'une Commission Permanente pour réaliser des réformes.
L'article suivant, de la revue Progreso Vol. X No. 96 (4), Août 1933, est une réponse du Prof. Léopold Leau, mathématicien respecté et secrétaire adjoint de la Délégation, à une attaque de Ric Berger, adepte alors d'un autre projet, l'Occidental.
Les commentaires de traduction ont été rajoutés entre crochets [ ].


La Vérité sur la Délégation de 1907

Léopold Leau, Fondateur et Secrétaire Adjoint de la Délégation

Traduit de l'Ido par L.Landais, septembre 2004


Sous ce titre, Mr. Ric Berger a publié dans la revue COSMOGLOTTA No. 85 un article dédicacé pour le 25-ième anniversaire de l'existence de l'Ido. Sa teneur est la suivante :

  • 1) Il n'est pas vrai que l'Ido fut créé par un Comité soutenu par 310 firmes et 1250 professeurs du monde entier. Cette langue est le résultat d'un choix fait non par le Comité lui-même (qui en principe sélectionnait l'Espéranto!) mais par la Commission Permanente instituée par le dit Comité. Cette distinction n'est pas faite par les Idistes.
  • 2) La décision finale sur la langue à être selectionnée a été prise par seulement 4 membres de cette Commission, nommément Mrs Couturat, De Beaufront, Jespersen et Leau. Or (nous citons mot pour mot): De ces 4 personnes, 2 étaient les auteurs de l'Ido, sans que le public le savait (ils étaient donc en même temps juge et parti, ce qui est interdit par les lois!) Le troisième, Mr. Jespersen a maintenant déjà regretté les décisions de l'époque Couturat et le quatrième, Prof. Leau, l'ami intime de Mr. Couturat était incapable, de ne pas voter comme celui-ci.
  • 3) En conséquence le jugement de 1907 ne peut pas servir comme d'excuse contre l'Occidental, d'autant plus, qu'à ce moment là la question de la L.I. [Langue Internationale] n'était pas totalement mature. L'école naturaliste à ce moment là n'avait pas déjà trouvé sa stabilité et régularité, qu'elle a atteint quelques années plus tard.
  • 4) Etant la seule personne, qui a étudié les archives de la Délégation, je sais seul, comment les choses se sont passées. Je publierai donc les documents secrets existants pour cette époque et les Idistes ne pourront pas nier qu'ils sont dans mes mains. Mr. De Beaufront m'a reproché publiquement, de ne pas les avoir rendu à Mrs. Couturat. Or, qu'est-ce qui me garantit, que, si j'avais agi ainsi, quelque Idiste intéressé ne ferait pas disparaître quelques uns de ces documents et ainsi falsifierait complètement mon travail histographique, fondé sur ces documents ?
  • 5) Conclusion: La seule solution est de donner ces documents à une institution neutre, qui garantira officiellement la conservation de ces documents précieux pour l'Histoire. Je suis prêt, à accepter un quelconque conseil rationnel en relation.
Sincèrement dit, nous préfèrerions nous occuper d'initiatives qui unissent les adhérents des diverses systèmes de langues mondiales, au lieu d'entamer des polémiques avec des amis parmi les camps adverses. Mais l'article de R.Berger contient des assertions si regrettables, que je ne peux les laisser sans réponse.

Voici, une réplique par assertion :

  • 1)
    • A - Les délégués des 310 sociétés qui adhérèrent à la Délégation (sous-tenue par 1250 membres d' Académies ou d'Universités) élirent le comité.
    • B - Après 17 conseils de pré-étude le comité vota plusieurs résolutions, spécialement celles-ci :
      • a) Il nomma unanimement les membres de la commission permanente "dont le premier devoir sera d'étudier complètement et de déterminer en détail la langue qui sera sélectionnée".
      • b) Il déclara, qu'aucun parmi les projets soumis à son examen, pourra être accepté en bloc et sans modifications.
      • c) A l'unanimité "Le Comité decida d'adopter en principe l' Espéranto, pour sa relative perfection et pour les diverses et nombreuses applications exécutées par lui, à condition que certaines modifications soient effectuées par la Comission Permanente dans la direction fixée par le projet Ido, en essayant de s'accorder avec le Comité Linguistique espérantiste" (1).
  • 2) Au 18 Janvier 1908, les responsables espérantistes refusèrent de s'accorder avec la Délégation. Dès lors, le devoir de la Commission Permanente était de travailler par elle-même (2).
    Les membres de cette commission étaient Mrs W. Ostwald, président, Baudouin de Courtenay, Jespersen, Couturat et Leau.
    Intentionnellement les secrétaires Couturat et Leau furent nommés par le Comité. Depuis sept ans ils avaient étudié le problème de la L. I. [ Langue Internationale] et s'accordèrent sur les conclusions générales : leurs opinions réformateurs étaient connus (Histoire de la langue universelle; Rapport sur l'état actuel des L.I.). Intentionnellement «le Comité decida d' ajouter Mr. de Beaufront à la Commission Permanente, pour ses compétences spéciales ». De plus, avec une pleine connaissance et pour la réalisation de son projet, le Comité avait donc été élu par deux scientifiques qui avaient fait voir leur claire et profonde compréhension des réformes à achever en Espéranto : Couturat, qui avait composé l' «Etude sur la dérivation en Espéranto» et participé magistralement aux discussions dans le Comité; Mr. de Beaufront, dont les exposés étaient grandement prisé dans ces conseils, de même que son rôle prépondérant pour la diffusion et la régularisation de l'Espéranto était connu de chacun. Certe, les membres de la P. K. [Commission Permanente] avaient été élus, non pour juger, non pour décider du langage à choisir, mais pour exécuter en détail les décisions déjà adoptées par le Comité.
    Après d'assez longues discussions par correspondance, dans lesquelles ont pris part tous les membres, on a voté sur les points discutés (3). A ce vote, Mrs Baudouin de Courtenay et Ostwald se sont abstenus, mais toute la commission a été d'accord pour fonder un journal PROGRESO pour la discussion des questions linguistiques et parceque des dictionnaires et des grammaires avaient été composés et l'Union des Amis de la L.I fondée , elle cru sa tâche satisfaite et, en Février 1909, se déclara dissoute (4). Peu après, Mr. Ostwald fut élu membre de l'Académie et président d'honneur du Comité Directeur de l'Union. Les tendances de l' école naturaliste étaient connues; le Comité avaient étudié l' Universal, l'Idiom Neutral, le Proyekt de Neutral reformé, le Novilatin, un projet de Mr. André Blondel. Evidemment, le comité souhaitait, avec un matériel international, une langue autonome, régulière et simple, un résultat non obtennable du principe de naturalité, parce que les langues naturelles sont ni régulières ni simples; les plus scientifiques efforts sont incapables d'unir des concepts contradictoires.
  • 4 et 5) Les documents officiels de la Délégation ont été publiés; les discussions au sein du Comité n'ont pas été sténographiées. A la critique répétée par Mr. Berger au sujet du « secret », Couturat répondit (5) :
    « Concernant les projets présentés (en grand nombre) au comité, ils n'appartiennent pas au comité, mais à leurs auteurs : quelques uns parmi eux sont écrits à la main, donc des communications totalement privées, dont leurs auteurs sont entièrement maîtres. Le Comité donc a ni le devoir, ni le droit de les publier, mais les auteurs auront toujours ce droit et cette liberté, quand ils le voudront. Le Comité devait publier seulement ses travaux et décisions, ainsi par exemple la langue adoptée et ce qu'il avait fait le plus largement depuis plusieurs mois. Finalement, il admis dans cette revue la discussion publique de la langue et en conséquence il travaille à partir de maintenant sous les yeux et le contrôle du public, et avec sa constante collaboration.»
    Concernant la dense correspondance écrite à cette époque, opportunément sélectionnée, elle permet sans doute de recommencer les anciennes et interminables discussions (des Espérantistes), mais il serait nécessaire d'avoir du temps à perdre si on y participait. Comme Mr. R. [Berger] possède les archives de la Délégation, je ne sais pas et par conséquent je ne peux juger quel est son droit ou son devoir.
L. LEAU.

(1) Voir le «rapport sur les travaux du Comité», par les secrétaires.
(2) Voir «Comment les Espérantistes narrent l' histoire», par Couturat. "Progreso", les premiers numéros, spécialement le No. 12.
(3) Je ne sais pas, comment Mr. R. Berger conçoit l'honnêteté scientifique, mais je pense superflu de défendre la mienne à cette occasion.
(4) Progreso No. 12 et 13.
(5) Progreso No. 8, page 468.